Dans le cadre de la rubrique « L’art de se lancer », j’ai décidé d’aller à la rencontre de ces entrepreneuses du quotidien, celles qui vivent de leur entreprise après avoir pris la décision de devenir indépendante. L’article du jour est consacré à Sandrine Pollet de Bureau dispo, une assistante administrative. J’ai rencontré Sandrine il y a maintenant un an, au sein d’un groupe d’entrepreneuses, elle fait partie des premières relations professionnelles que j’ai tissées depuis l’ouverture de D’une ligne à l’autre, je tenais à en savoir plus sur elle.

C’est le 1er juillet 2020 que Bureau dispo fait son apparition dans le monde de l’entreprise. À la suite du dépôt de bilan de la société dans laquelle Sandrine était salariée, un moment de remise en question s’impose et intervient cette question : comment rebondir ? Le licenciement économique n’est pas facile à vivre surtout quand elle chausse les lunettes de la rétrospection. Sandrine fait le constat d’une relation employée-employeur abimée par le manque de considération. Avec les années d’expérience son regard a changé, et elle a pris conscience des limites de sa patience et de son abnégation. C’est ainsi que s’immisce discrètement cette pensée : peut-être est-ce le moment de se lancer ? 

On est en novembre 2019 et Sandrine est assistante administrative et comptable depuis 35 ans. Elle a des compétences à faire valoir, une expertise certaine et le témoignage de ces autres femmes, assistantes administratives pour leur compte, la conforte dans la voie qu’elle souhaite emprunter, celle de l’indépendance. Le chapitre du livre est nouveau mais Sandrine de Bureau dispo ne se lance pas dans l’inconnu, elle sait où elle va, grâce à cette première fois où elle décida d’arpenter la route de l’entrepreneuriat.

Il y a de cela 20 ans, Sandrine connut un précédent licenciement économique qu’elle tenta de conjurer en optant avec des collègues pour la reprise de leur entreprise dans la sécurité incendie. Les sirènes de l’entrepreneuriat sonnèrent donc bien tôt. Ce fut une décision spontanée, prise dans l’urgence de la situation, ce qui l’empêcha d’évaluer tous les risques. Quelques temps après la reprise, nouvellement dirigeante, Sandrine le sent, elle va droit dans le mur. Les difficultés principalement financières sont trop importantes pour que soit redressée la barre mais surtout l’euphorie de la nouveauté étant passée, elle se retrouve seule face à cette situation, elle prend donc l’initiative de mettre fin à l’aventure. À ce moment, cette expérience est vécue comme un véritable échec, qu’elle digère en reprenant la route du marché de l’emploi.

Lorsque les sirènes de l’entrepreneuriat rechantent, avec Bureau dispo, tout est différent. Sandrine bénéficie de sa première expérience dans la reprise d’entreprise, cette fois le projet est mûrement réfléchi et surtout, elle n’est pas seule.

En effet, dans le tourbillon de questions qu’affronte cette entrepreneuse en devenir, il y a le « comment » ? Et c’est auprès de la BGE de Tourcoing que Sandrine trouve le support nécessaire. Grâce à une formation d’un mois à l’issue duquel son projet est validé par le jury, Sandrine a toutes les clés en main pour lancer son projet mais on est en mars 2020, la pandémie l’oblige à remettre à plus tard le démarrage officiel de son entreprise. Ce temps de pause forcé n’a pas été perdu puisqu’il a permis à Sandrine de travailler sur Bureau dispo : comment organiser son activité, mais surtout comment trouver ses premiers clients.

Durant ces trois mois de travail interne, la situation sanitaire finit par s’apaiser et c’est ainsi que le 1^er Juillet 2020 nait Bureau dispo !

Et c’est sereinement que Sandrine aborde sa nouvelle activité, elle a de l’expérience à son actif et elle est bien entourée. Pourtant, le contexte de la pandémie est un frein à l’investissement des banques qui ne lui feront confiance qu’un an après la création, lorsqu’elle leur présentera des chiffres et des contrats bien concrets. Sandrine se voit donc contrainte de capitaliser ses droits au chômage afin d’obtenir le matériel nécessaire au démarrage de Bureau dispo.

Malgré cela, le déploiement de son activité se fait rapidement, l’assistante administrative indépendante signe un très gros contrat quelques temps après l’ouverture :

Ce que Sandrine me confie là, c’est que toutes les entreprises ne peuvent pas avoir recours à l’assistance administrative externalisée. Le volume de travail nécessaire à cette cliente étant celui d’un temps plein, la dirigeante de Bureau dispo lui conseille de prendre quelqu’un en interne, qui sera plus à même d’écouler la charge de travail nécessaire.

En faisant le tour des groupes de réseautage Sandrine découvre le procédé le mieux à même de la faire connaître de ses client(e)s.

En mars 2021, elle intègre le groupe Odyssée grâce auquel elle parvient à toucher des personnes ayant un problème qu’elle peut résoudre. Elle rencontre chaque semaine des professionnel(le)s qui affrontent les mêmes problématiques qu’elle, le bouche-à-oreille travaille la prospection qu’elle avait mise de côté, et Bureau dispo peut enfin rebondir.

Ce long fleuve à remous qu’est l’entrepreneuriat ne serait rien sans un entourage de qualité. Sandrine est formelle, avant et pendant, la clé d’un projet d’entreprise qui réussit, c’est un entourage à l’écoute et généreux de conseils utiles. L’expérience de reprise d’entreprise le lui a bien enseigné, être dirigeant d’entreprise, ça ne s’improvise pas. Avoir des retours d’expérience permet de diminuer le fossé qui existe entre l’activité d’entrepreneuse et celle de salariée.

En effet, en tant que salariée, on fait ce pour quoi on est payée et en rentrant à la maison, on passe à autre chose. Être entrepreneuse, c’est avoir des journées longues et lourdes pour le moral : le travail ne s’arrête jamais, la réflexion sur les lendemains, les urgences, la trésorerie, tout diffère du salariat à l’entrepreneuriat, même l’état d’esprit. Sandrine a beaucoup appris et est devenue une autre personne, professionnellement.

De ce projet longuement réfléchi et bien mûri, il reste un conseil précieux : « savoir s’entourer ».

La même Sandrine qui aime son métier comme au premier jour car malgré le temps qui passe elle reste une passionnée qui s’aventure dans des sentiers peu battus, comme l’accompagnement aux organismes de formations. Avoir affaire à des client(e)s différents avec des statuts et des besoins divers oblige la dirigeante de Bureau dispo à enrichir son panel de connaissances.

C’est donc une aventure sans couac que je vous ai conté, si ce n’est un dernier constat : celui d’une crédibilité féminine amoindrie dans le monde de l’entreprise.

C’était sans compter sur les assistantes administratives pour prendre d’assaut ce monde qui encore aujourd’hui, ne prend pas la peine de les valoriser.

🧚🏾‍♀️Féériquement vôtre 🧙🏾‍♀️