Le travail de bureau a émergé au XIX-XXème siècle. Considéré comme moins physique que le travail à l’usine, dans un premier temps, des conséquences sur la santé finissent par se faire connaître. C’est alors que les premiers penseurs de l’organisation du bureau émettent l’idée que le mobilier doit accompagner cette nouvelle profession qui n’est pas sans risque. La dernière fois, je vous parlais des bienfaits de la dactylographie sur la posture au bureau, dans cet article, nous allons nous pencher sur les effets sur la santé de la vie de bureau.
La santé au bureau : petit détour historique.
Au XIXème, le problème des bureaux était essentiellement sur le plan hygiénique, l’odeur de renfermée, la crasse et la poussière qui s’accumulait, un manque de propreté flagrant qui contrastait avec la modernité du travail dans les bureaux. À l’époque, aucune loi ne prescrit quoi que ce soit en termes de sécurité et d’hygiène, cette situation pousse médecins et ingénieurs à réfléchir à des solutions. Dans son ouvrage sur les employés de bureau, Delphine Gardey nous énonce les contrecoups sur l’organisme souvent et parfois sur le psychisme de cette nouvelle modalité d’organisation du travail. La tuberculose fait ravage parmi ceux et celles qui pratiquent l’activité sédentaire, un constat est posé, évident aujourd’hui mais pas tant que cela à l’époque : la santé des employés(e)s est aussi une condition de leur rendement. Alors que les caissières viennent tout juste d’obtenir des pauses et des chaises pour pratiquer leur métier, les employé(e)s de bureau sont sur le point d’obtenir une amélioration de leur condition de travail. Les conseils vont bon train : il faudrait éclairer et chauffer, proscrire les lampes à pétrole, favoriser la lumière naturelle mais surtout aérer régulièrement afin de lutter contre l’installation de la poussière.
Dans le même temps, la rationalisation du travail au bureau s’accompagne d’un meilleur équipement des postes de travail, nous sommes dans les années 20 du siècle dernier et ces changements se font avec la machine à écrire. L’utilisation de cet outil nécessite une table plate, alors qu’auparavant, « le travail d’écriture se réalisait sur des pupitres hauts et inclinés où des employés travaillaient juchés sur des tabourets ». On parle maintenant de chaises ergonomiques avec tout un système de tables adaptées, alignées, afin que les tapeuses n’échappent jamais à l’œil de la surveillante.
Pourtant, avec des salles pleines de femmes qui doivent taper des lignes et des lignes vient une nouvelle problématique au bureau, il s’agit du bruit. Il fera l’objet d’une mobilisation intense pour aboutir à l’invention de machines silencieuses.
Le siècle dernier a vu naître les premières considérations de la santé au bureau et elles étaient toutes autress. Au fur et à mesure du temps, nous sommes passé(e)s de majoritairement préoccupations hygiénistes à une réelle prise en compte des conséquences sur le physique, de ce travail dit sédentaire.
Les maux du bureau aujourd’hui
Mauvaise posture, tendinites, cervicales, déformation de la nuque, dos, déformations des doigts, baisse de la vue… L’activité est peut-être sédentaire mais n’empêche pas au corps de travailler.
L’assurance maladie se fend en prévention et nous parle de l’ajustement du poste de travail, des troubles musculosquelettiques (TMS), des problèmes liés à la vue et au stress.
L’ajustement du poste de travail est en effet un enjeu de santé publique, la protection sociale étant largement développée dans notre pays, les maux des uns sont les coûts des autres. Tout part de la manière dont on se tient au quotidien, cela parait banal et finalement on le sait bien mais le corps finit toujours par prendre des postures qui à long terme lui feront du mal. L’écran à hauteur de vue, la luminosité ainsi que les distances à bien tenir entre ses deux mains pour écrire sur le clavier ou la souris avec laquelle on passe la journée, tout cela est exigeant mais prévient des problématiques suscitées.
En effet, les TMS affectent l’appareil locomoteur, qu’il s’agit des muscles ou des tendons, nerfs ou encore articulations et même la colonne vertébrale. J’ai moi-même eu à consulter mon médecin traitant pour l’entendre dire que mes presque 40 années de travail au bureau me valait désormais un pincement des disques, autrement dit un tassement de ma colonne au niveau de la nuque ainsi qu’une courbure vers l’avant. Je porte désormais une jolie minerve afin de me soulager.
Le squelette travail, les yeux aussi. Tant et si bien que les lunettes désormais courantes, elles aussi sont le symptôme de ce travail de bureau loin d’être si reposant que cela. Fixer un écran n’est donc pas anodin et la technique à mesure de son évolution révèle sans cesse son impact sur les corps qui l’apprivoise.
En ce qui concerne les maux du dos, ils sont interprofessionnels : assise au bureau, marchant toute la journée, conduisant pendant plusieurs heures, le dos s’avère être le petit malheur de notre activité professionnelle.
🧚🏾♀️Féériquement vôtre 🧙🏾♀️
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